Déborah Ridel

Déborah RIDEL

Ecole des hautes études en santé publique 15 avenue du Professeur Léon Bernard Bâtiment Germaine Tillion, bureau 218 - 35043 - Rennes

Tél : +33 (0) 2 99 02 26 51 (pro)

E-mail : deborah.ridel@ehesp.fr (pro)


Discipline(s) : Sociologie

Titre(s) : Ingénieure de recherche

Diplôme(s) : Doctorat

Appartenance(s) : Département des sciences humaines et sociales (SHS), UMR 6051 ARENES-CRAPE

Cursus

2022-... : Ingénieure de recherche, Arènes, EHESP

2015-2021 : Doctorat de sociologie, Clersé, ED SESAM, Université de Lille
Thèse sous la direction d’Ivan Sainsaulieu (PU sociologie, CLERSE)
« La violence aux urgences. Une ethnographie du travail soignant ». Soutenue le 1er décembre 2021

Membres du jury :
 Anne-Marie ARBORIO, Maitresse de Conférence, Université Aix-Marseille,
 Marc LORIOL, Directeur de recherche, CNRS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Président du jury),
 Anne PAILLET, Professeure à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Rapportrice),
 Florent SCHEPENS, Professeur à l’Université Bourgogne-Franche-Comté,
 Alexis SPIRE, Directeur de recherche, CNRS, EHESS (Rapporteur).

Résumé :
Comment se caractérise la violence aux urgences ? Visant à déconstruire la vision unilatérale, asymétrique, spectaculaire et sécuritaire véhiculée par les discours politico-médiatiques, cette thèse donne à voir une violence polysémique et symétrique, dont l’expérience est partagée par les soignant∙e∙s et les patient∙e∙s. Inscrite dans une perspective interactionniste, elle repose sur une enquête ethnographique menée de 2016 à 2018 dans deux services d’urgence d’hôpitaux publics non universitaires de deux villes de taille moyenne du nord de la France.
La recherche examine d’abord l’organisation du travail aux urgences de jour et de nuit, de l’accueil à l’hospitalisation en passant par le déchocage et le renvoi à domicile. Les multiples formes de délégation du « sale boulot » révèlent une tendance à la démédicalisation de ces services, symptomatique d’une progressive spécialisation autour de la régulation de la violence dite « sociale ». Le décalage entre la fonction manifeste des urgences, qui consiste à « sauver des vies », et leur fonction latente de prise en charge de cette violence « sociale » participe alors à produire une violence institutionnelle. Ainsi, les urgences sont une institution qui est à la fois terrain de l’expression de la violence, et productrice de violence.
Après avoir décrit les formes de violence ordinaire aux urgences, la thèse examine la façon dont l’institution hospitalière se saisit de cette question, mais aussi dont les soignant∙e∙s y font face de manière individuelle et collective. La stratégie institutionnelle de sécurisation des lieux se concrétise par la fermeture des portes des urgences aux accompagnateurs et accompagnatrices, et par la présence accrue de personnels de sécurité. Ces dispositifs réinterrogent l’organisation du travail. Ils nécessitent souvent une organisation informelle de l’équipe soignante qui se traduit par du « bricolage » et par le floutage des frontières professionnelles. Ces arrangements interrogent le sens du travail et de la professionnalité des soignant∙e∙s : ils impliquent des repositionnements individuels et collectifs et des questionnements déontologiques sur la mission d’hospitalité, d’accessibilité et de service public du collectif soignant craignant de plus en plus de devenir « violent malgré lui ».
L’analyse des conditions de production de la violence permise par l’ethnographie du travail soignant montre ensuite que les urgences sont au croisement de divers rapports sociaux de domination. Cela produit un ethos viriliste propre aux urgences, à mi-chemin entre l’ethos chirurgical techniciste qui sauve des vies, d’une part, et l’ethos sécuritaire de contrôle social des forces de l’ordre, d’autre part, que nous proposons de nommer l’ethos oxyologique.
Finalement, ouvrant la réflexion aux logiques de guichet et à la sociologie des groupes professionnels, ainsi qu’aux formes inégalitaires d’accès aux soins d’urgence, cette thèse contribue à la sociologie du travail autant qu’elle éclaire l’organisation du système de santé en France.

Méthodologie : Ethnographie, observation directe de longue durée, entretiens semi directifs avec le personnel hospitalier
Domaines disciplinaires : Sociologie du travail, sociologie de la santé, sociologie de la violence
Mots clés : violence, urgences, travail soignant, interactionnisme, ethnographie, démédicalisation, France

Recherche

Ingénieure de recherche à l'EHESP
Projet PACSILO (2022-2025) sous la responsabilité d'Alis Sopadzhiyan

"Politiques d'appui à la coordination pour l'accompagnement des personnes en situation complexe, dynamiques et enjeux locaux dans quatre secteurs d'intervention publique" 
En France, le système de services et de soin est fragmenté et nécessite de la coordination dans plusieurs champs d’intervention publique et tout particulièrement auprès des personnes en situation de vulnérabilité comme les personnes âgées en perte d’autonomie, les personnes en situation de handicap ou en souffrance psychique afin d’éviter les ruptures de parcours ou les recours systématiques aux urgences. Depuis une trentaine d’années, des politiques de coordination sectorielles ont été menées en même temps que des réformes visant à restructurer le système de santé, en renforçant la place des soins primaires et en transformant le rôle des médecins généralistes. Ces politiques d’appui à la coordination cherchent à promouvoir la prévention tout en rationalisant le coût des prises en charge. Or, la création successive de différentes formes de coordination au sein de chacun des secteurs étudiés conduit à leur empilement et empêche d’envisager leur cohérence d’ensemble. L’arrivée de chaque nouveau dispositif à l’échelle locale interroge systématiquement les organisations en place et mène les acteurs institutionnels comme professionnels à réaménager l’existant. Dans ce projet d’une durée de trois ans et financé par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et l’Institut de la recherche en santé publique, il s’agit d’interroger cette logique paradoxale en analysant les dynamiques locales de coordination forgées dans les interactions entre, d’une part, la déclinaison des politiques nationales de coordination, et d’autre part, les initiatives locales de coordination préexistantes. Ainsi, une première question de recherche porte sur les écologies locales de coordination et une seconde porte sur l’activité de coordination et des professionnalités en construction autour de cet enjeu. Pour répondre à ces questions, la méthodologie repose sur une enquête qualitative à visée ethnographique dans laquelle il s’agira de mener une observation participante auprès d’acteurs institutionnels et professionnels locaux de la coordination. La réalisation d’une cartographie des écologies locales de coordination, transversale aux quatre champs d’intervention publique étudiés (santé mentale, soins primaires, handicap, perte d’autonomie) est également envisagée.