Les PFAS (substances per-et polyfluoroalkylées), plus communément nommés polluants éternels, sont des molécules chimiques fabriquées et utilisées dans de nombreux produits de la vie courante pour leurs propriétés antiadhésives et imperméabilisantes, et pour leur résistance aux fortes températures. Du fait de leurs nombreux effets néfastes sur la santé (perturbation endocrinienne, immunotoxicité, cancérogénicité…), les PFAS font l’objet d’une surveillance accrue au sein de plusieurs dispositifs, partenariats et plans d’actions aux niveaux national et européen*.

À l’EHESP, des enseignants-chercheurs, doctorants et ingénieurs du LÉRES – Laboratoire d’étude et de recherche en environnement et santé – participent à ces actions et partenariats à forts enjeux sanitaires et environnementaux, en effectuant des mesures et des analyses de pointe de ces PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine et dans le sang humain. Grâce à des méthodes accréditées par le Comité français d’accréditation – Cofrac et une veille constante de l’évolution des listes de PFAS sous surveillance, le LÉRES met son expertise au service de la santé des populations et de la protection de l’environnement.

Le Laboratoire s’ouvre parallèlement à des approches non ciblées pour identifier des PFAS d’intérêt qui ne font pas encore l’objet de surveillance et à d’autres matrices environnementales (poussières) et biologiques humaines (cheveux, gouttes de sang séché) prometteuses pour améliorer la surveillance actuelle de ces polluants très préoccupants.

* En France, un des axes du plan d’actions interministériel sur les PFAS d’avril 2024 est d’améliorer, de renforcer et de mobiliser les données sur leur dissémination et les expositions. En Europe, les initiatives de biosurveillance humaine (HBM4EU) (2017-2022) et le partenariat européen pour l’évaluation des risques liés aux substances chimiques PARC (2021-2027) coordonné par l’Anses visent à faire progresser la recherche, à partager les connaissances et améliorer les compétences en évaluation des risques liés à ces substances chimiques.

Une mesure étendue et sous accréditation des PFAS dans les eaux de consommation humaine

À partir de janvier 2026, la recherche de 20 PFAS sera rendue obligatoire par les Agences Régionales de Santé (ARS) dans le cadre du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine. Le LERES a mis au point une méthode d’analyse étendue à plus de 40 composés.

Cette méthode est accréditée par le Cofrac (attestation n°1-1951) sur les 20 molécules réglementées, ce qui assure la fiabilité des résultats. Le LÉRES déploie actuellement cette méthode en Ille-et-Vilaine, pour des campagnes exploratoires et à la demande de partenaires de recherches régionaux qui étudient les sources et les modalités de transferts des PFAS dans les compartiments environnementaux.

Le LÉRES a également été un des premiers laboratoires français à développer une méthode d’analyse de l’acide trifluoroacétique (TFAA) dans les eaux destinées à la consommation humaine. Ce PFAS n’est pas inclus dans la liste des 20 PFAS réglementés pour l’analyse des eaux potables, mais sa présence dans l’eau, issue notamment de la dégradation de pesticides fluorés, est avérée. Cette mesure du TFAA dans l’eau avec une limite de quantification de 0,25 µg/L permet de suivre ce composé en attendant des données sur les risques sanitaires liés à sa présence et la mise à disposition de valeurs sanitaires dans l’eau. Plusieurs campagnes exploratoires sont menées par les exploitants gérant les ressources et la production d’eau destinée à la consommation humaine afin de suivre également cette molécule.

La mesure de PFAS dans le sérum humain

Grâce à sa plateforme Breizh Exposome, le LÉRES a également développé une méthode d’analyse d’une quarantaine de PFAS dans le sérum humain pour laquelle il a également obtenu l’accréditation du Cofrac. Le laboratoire de l’EHESP déploie cette méthode dans le cadre de collaborations scientifiques, de partenariats de recherche ou d’actions de l’infrastructure nationale France Exposome afin de mesurer ces substances chimiques dans différentes cohortes françaises et de contribuer à la stratégie nationale de biosurveillance. Un des objectifs de ces campagnes de mesures est de décrire les niveaux d’imprégnation de la population française afin d‘établir des valeurs de référence d’exposition et de comparer ces niveaux avec les études conduites à l’étranger.

Le LÉRES accompagne Santé publique France (SpF) dans le cadre d’une convention de collaboration scientifique afin de mettre à disposition son expertise en matière de développement et de validation de méthodes analytiques innovantes.

Il dispose d’un plateau analytique performant pourvu de plusieurs systèmes de chromatographie en phase liquide ultra haute performance couplée à la spectrométrie de masse en tandem (UHPLC/MS/MS) de dernière génération pour être en mesure de répondre aux besoins de performances dans ce domaine et à l’augmentation significative de l’activité d’analyse de ces contaminants dans les compartiments environnementaux et biologiques humains.

Publié le 6 mai 2025