D’après une étude de l’Observatoire national de la Vie Etudiante, près d’un tiers des étudiants présentait des signes de détresse psychologique suite au premier confinement en avril 2020. Mais aucune donnée n’a été publiée sur la santé mentale des étudiants suite au deuxième confinement instauré par le gouvernement français en novembre 2020. Un groupe de chercheur(e)s* de l’EHESP, de l’Institut Pasteur et de Santé Publique France a donc réalisé l’étude COVER portant sur l’évaluation de l’impact de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 auprès d’étudiants de Rennes. En décembre 2020, les étudiant(e)s issu(e)s de l’École des Hautes Études en Santé Publique, de Rennes School of Business et de Sciences Po Rennes ont ainsi été invités à répondre à un auto-questionnaire en ligne visant, pour partie, à évaluer leur santé mentale. Les résultats de cette enquête invitent à ré-estimer les risques et les bénéfices des mesures impactant la vie des étudiants et encouragent la mise en place d’actions de prévention des risques psychologiques à destination de ce public.

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Chiffres de l'étude sur l'impact de la crise sanitaire de la Covid 19 sur la santé mentale des étudiants à Rennes, FranceL’étude a pour objectif d’évaluer l’impact de la crise sanitaire jusqu’au mois de novembre 2020 en France sur la santé mentale des étudiants au travers de divers indicateurs : détresse psychologique, soutien social, solitude, symptômes dépressifs et symptômes anxieux. Elle se base sur les données recueillies dans le cadre de l’enquête longitudinale COVER portant plus largement sur les facteurs de risque et les comportements des étudiants de Rennes face à l’épidémie de Covid-19.

Parmi les étudiants interrogés, 784 ont répondu au questionnaire. Les signes d’une détresse psychologique ont été retrouvés chez 60.3% des étudiants. Un étudiant sur cinq souffrait de troubles dépressifs et 37.7% de troubles anxieux. Plus d’un étudiant sur deux déclarait souffrir d’un sentiment de solitude et près d’un quart bénéficiait d’un faible soutien social. Les femmes étaient davantage à risque de détresse psychologique et de troubles anxieux comparativement aux hommes.

Par ailleurs, les étudiants qui présentaient des difficultés financières, qui bénéficiaient d’un faible soutien social, qui se déclaraient en mauvaise santé ou qui avaient un sentiment de solitude étaient plus à risque de présenter une détresse psychologique, ainsi que des troubles anxieux ou dépressifs.

Les prévalences estimées de détresse psychologique, de dépression et d’anxiété sont inquiétantes dans la population des étudiants, qui est déjà vulnérable. Les symptômes et signes identifiés sont probablement transitoires, et ne reflètent que l’état psychologique des étudiants le mois précédent la réponse au questionnaire sans poser de diagnostic clinique. Néanmoins, ces résultats encouragent la mise en place d’actions de prévention des risques psychologiques à destination de ce public, comme des plateformes d’écoutes, le développement du soutien entre pairs ou la mise en place de mesures de contrôle qui permettent une reprise, au moins partielle, des cours en présentiel.

Auteur(e)s de l’étude

*Jonathan Roux1, Mathilde Lefort1, Mélanie Bertin1, Cindy Padilla1, Judith Mueller2, Ronan Garlantézec3, Mathilde Pivette4, Alain Le Tertre4, Pascal Crépey1

1 Univ Rennes, EHESP, REPERES « Recherche en Pharmaco-Epidémiologie et Recours aux Soins » – EA 7449, Rennes, France.

2 EHESP, Paris et Rennes, France ; Institut Pasteur, Paris, France.

3 CHU de Rennes, Univ Rennes, Inserm, EHESP, Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail), Rennes, France.

4 Santé publique France, Direction des régions, Cellule Bretagne, Rennes, France.

Publié le 25 février 2021