À l’Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) – UMR_S 1085, des chercheurs de l’EHESP et de l’Inserm étudient les effets des cannabinoïdes sur le développement du testicule du fœtus humain. Dans un article* publié dans la revue médicale BMC Medicine le 11 juillet 2023, ils montrent que les substances présentes dans le cannabis, le Δ9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD), ont des effets délétères sur les cellules des tissus testiculaires.
Alors que la consommation de cannabis chez les femmes enceintes augmente dans le monde, il est nécessaire d’étudier les effets des substances qu’il contient, sur le fœtus qui y est exposé. C’est ainsi que l’équipe Inserm intitulée « Physiologie et Physiopathologie du Tractus Urogénital » au sein de l’Irset, à laquelle appartiennent Aurore Gely-Pernot (Maître de conférences à l’EHESP), Nathalie Dejucq-Rainsford (Directrice de recherche à l’Inserm, responsable de l’équipe) et Juliette Dochez-Arnault (en contrat doctoral à l’EHESP), a mené une étude sur des tissus testiculaires fœtaux humains. Ceux-ci ont été exposés aux deux principales substances présentes dans le cannabis, le THC et le CBD, à des concentrations similaires à celles pouvant être retrouvées dans le plasma des adultes ayant consommé du cannabis. Des effets délétères sur les tissus testiculaires ont été observés dès 72h d’exposition à ces cannabinoïdes.
Le cannabis agit dans le corps humain par l’intermédiaire du système des endocannabinoïdes (SEC). Il s’agit d’un système de signalisation qui régule des processus biologiques comme le métabolisme, la sensation de douleur, l’activité neuronale ou la fonction immunitaire. Son expression est bien connue dans le cerveau, mais inconnue dans le testicule humain en développement.
« Notre étude est la première à mettre en évidence la présence du SEC dans le testicule fœtal humain ainsi que les effets indésirables potentiels de la consommation de cannabis par les femmes enceintes sur le développement des gonades mâles », précise Aurore Gely-Pernot.
Dans le contexte où les débats sur la légalisation du cannabis sont toujours d’actualité, cette étude invite à aborder cette question de société avec une approche de santé publique, en interrogeant la consommation des populations les plus vulnérables et notamment celle des femmes enceintes. Il est à présent nécessaire de mener des études à grande échelle et à long terme sur les mères et les enfants, pour étudier les impacts potentiels de la consommation maternelle de cannabis sur le développement de la reproduction masculine, et pour déterminer si elle est associée à l’apparition de troubles de la reproduction ou de cancer des testicules au cours de la vie.
Découvrez la publication
(en anglais)
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Titre de l’article
“Expression of the endocannabinoid system and response to cannabinoid components by the human fetal testis”
Auteur(e)s
Dochez-Arnault1, C. Desdoits-Lethimonier1, I. Matias2, B. Evrard1, M. Lagarrigue1, M. Toupin, A. Lardenois1, F. Chalmel1, S. Mazaud-Guittot1, N. Dejucq-Rainsford1#, A. Gely-Pernot1#* (#Co-last Authors)
1Univ Rennes, Inserm, EHESP, Irset (Institut de recherche en santé, environnement et travail) – UMR_S 1085, F-35000 Rennes, France.
2Neurocentre Magendie – Inserm U1215 – Bordeaux, France.