De mi-mars à mi-avril 2020, l’afflux massif de patients COVID-19 dans les services de réanimation a entrainé une saturation du système de santé français. Face à cette tension hospitalière exceptionnelle, une opération de solidarité inédite a permis d’organiser en urgence le transfert de 660 patients vers les services de réanimation de six régions de France et quatre pays européens. Dès avril 2020, la Direction Générale de la santé (DGS) a confié à l’EHESP la coordination d’une étude scientifique destinée à évaluer ces opérations de transferts en masse, le projet TRANSCOV. Pour répondre à cette commande, l’EHESP a mobilisé l’expertise des sociétés savantes et des institutions concernées** de façon à piloter un projet d’évaluation scientifique multidisciplinaire.

Les résultats de la composante épidémiologique du projet, la cohorte TRANSCOV, coordonnée par Olivier Grimaud (EHESP – UMR 6051 Arènes) ont été publiés en septembre 2025 dans CHEST Journal.

** SSA, ARS Grand-Est, CNUH, Réseau national de l’urgence médico-psychologique, SFMU, SRLF, SFAR, SPILF, SAMU-Urgences de France et COREB.

Cette analyse visait à évaluer l’impact de ces transferts interrégionaux et internationaux sur la survie en réanimation et la santé des patients concernés. Il s’agissait de vérifier si la sélection pour le transfert de patients moins sévères et cliniquement stables était la seule explication à leur meilleure survie en réanimation.

Les données cliniques détaillées de la cohorte TRANSCOV ont permis d’explorer plus avant cette hypothèse en comparant 285 patients transférés à 667 témoins cliniquement « éligibles » au transfert. Toutes choses égales par ailleurs, les résultats montrent un avantage très marqué en faveur du transfert (mortalité en réanimation 7 fois moindre). L’explication la plus probable à cet avantage est que l’extraction d’un environnement de soins surchargé a favorisé la prise en charge des patients transférés. En réduisant la charge de travail, les transferts de masse auraient également pu bénéficier aux patients qui sont restés dans les unités de soins intensifs d’origine.

En pratique, ces résultats suggèrent que l’organisation anticipée de transferts de masse est une stratégie appropriée pour répondre à une surcharge aiguë et locale de demande en soins intensifs, telle que d’autres crises sanitaires pourraient provoquer.

Pour en savoir plus

Accédez à l’analyse de l’étude TRANSCOV publié dans CHEST Journal

Voir la page dédiée à l’étude TRANSCOV sur ehesp.fr

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Publié le 17 novembre 2025